Haiti

 

Découverte de Ayiti et debut de l’esclavage sur l’ile  

C’est le 12 Octobre 1492 que Christophe Colomb débarque sur le territoire d’ Ayiti, nom d’orgine de l’ile par les données natifs Arawak et Caraibes. Christophe Colomb baptisa cette terre, Hispaniola(« Petite Espagne »). À son deuxième voyage en1493, il y fonda la première ville européenne du Nouveau Monde, baptisée La Isabela (en l’honneur de la Reine Isabelle la Catholique) et s’y installa. Après avoir vaincu les cinq caciques qui dirigeaient le pays, les Espagnols soumirent les autochtones à des travaux forcés afin d’extraire l’or des mines. En moins de vingt-cinq ans, les populations indiennes furent décimées àcause de l’esclavage, du travail forcé et des maladies importées par les conquérants.

Pour remplacer cette main d’œuvre, les colons font appel à des esclaves africains. Le nouveau gouverneur Nicolás de Ovando tenta dès1503 de faire venir des Noirs d’Afrique pour remplacerles autochtones. La majeure partie des esclaves noirs qui ont été déportés vers l’île sont originaires du Royaume Dahomey, de la Guinée et du Nigéria, desRoyaumes Congo…Au milieu du XVIe siècle, le filon aurifère s’épuisant, les Espagnols concentrent leurs efforts sur la partieouest de l’île. La traite fut autorisée en 1517 par Charles Quint, quil’interdit officiellement quinze ans plus tard. La ville du sud, Santo Domingo actuellement enRépublique Dominicaine, devient le port de départ de la colonisation du Nouveau Monde.

 

Les Espagnols importent en quantité des chevaux, bovins et porcins qu’ils laissent en liberté, ne s’intéressant qu’à l’or porté par les autochtones. Dès1530, le troc ou la spoliation des indiens en pépitesd’or rapporte moins. Le principal lieu d’extraction se trouve dans la plaine de la Vega. Les colons Espagnols concentrent leurs efforts dans la partieorientale de l’île tenue par les indiens Higuey, qui recèle encore un peu d’or et abandonnent ensuitel’ouest montagneux. Ce sont alors les Français qui s’installent sur les terresabandonnées par les Espagnols. Ces nouveaux colons ont eux aussi recours aux esclaves africains, cette foispour travailler dans les plantations de sucre et de café. En 1697, les Espagnols reconnaissent la souverainetédes Français sur la partie occidentale de l’île.

À la fin du xvie siècle, des flibustiers françaiss’établirent sur l’île de la Tortue, au nord. Ils tentaientpériodiquement des incursions sur la « Grande Terre ». Vers 1625, des Français occupèrent la partie nord-ouest et gagnèrent progressivement vers le sud. Cesboucaniers chassaient les animaux devenus sauvageset vendaient viande et cuir. En 1640 le commandeur de Poincy, gouverneur des Îles de l’Amérique, envoieFrançois Levasseur prendre le commandement des flibustiers français et chasse les Anglais de l’île de la Tortue.

Sous l’impulsion, en métropole, du ministre Colbert et sur place, du premier administrateur, Bertrand d’Ogeron de La Bouëre, nommé en 1665, la colonieprit son essor. Sa première capitale, Le Cap-Français, fut fondée en 1670.  C’est en 1685 que fut édicté le Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinée àréglementer le régime de l’esclavage en précisant les devoirs des maîtres et des esclaves. Les dispositions pourtant sévères de ce code envers les esclaves furentsouvent amplifiées. L’obligation d’évangélisation futnégligée, de même que le repos obligatoire du dimanche. Aux peines capitales prévues dans certainscas, les colons ajoutèrent des sévices et mutilations. L’Africain était marqué au fer rouge, changeait de nom, abandonnait ses habitudes vestimentaires et salangue.

À la suite du traité de Ryswick (1697) et de l’accessionau trône espagnol d’un petit-fils de Louis XIV, le Duc d’Anjou Philippe de France (1700), l’Espagneabandonna ses prétentions à la possession de l’ensemble de l’île et toléra la présence française dans sa partie occidentale. Celle-ci devint alors la colonie de Saint-Domingue (la future Haïti). Le traité d’Aranjuezen 1777 officialisa la souveraineté de la France sur cesterritoires. Ces derniers y fondent en 1749 leurcapitale, Port-au-Prince. De toutes les colonies européennes du Nouveau Monde, celle qu’on appelaitalors «la Saint-Domingue française» devient la plus lucrative, devançant même les États-Unis.

À la fin du XVIIIe siècle, 700’000 esclaves noirs sontemployés dans les plantations, encadrés par 30’000 Blancs. À la fin du xviiie siècle, la valeur de ses exportationsdépassait même celle des États-Unis. Cette prospéritéreposait principalement sur le sucre et le café qui avaient supplanté les premières cultures et nécessitaient de grandes plantations. Le 21 décembre1787, à la nouvelle de la Convocation des états généraux, les colons s’agitent pour y être appelés. En1789, à la veille de la Révolution française, ellesemployaient près de 500 000 esclaves noirs pour 32 000 Blancs et 28 000 gens de couleur libres (métis et affranchis).

 

Naissance d’une nation

Le 28 juin 1789, les députés de Saint-Domingue sont admis en France et L’Assemblée française déclarel’égalité des droits pour tous les hommes libres, y compris les Métis et les Noirs (se gardant toutefoisd’évoquer l’esclavage). La situation dégénère en quasi-guerre civile entre les quatre groupes constituant la population libre : les partisans du gouverneur, les grands propriétaires, les petits propriétaires et les métis.

La Révolution française déclencha des violences encascade. Les colons réclamèrent l’autonomie et les libres de couleur, l’égalité réelle avec les Blancs.

La révolution haïtienne débuta en août 1791 à la suite de la Cérémonie de Bois-Caïman, dans la plaine du Nord : plus de 1 000 Blancs furent tués et les plantations incendiées. Sous la conduite de leurs chefs — dont le plus important fut Toussaint Louverture — les Noirs passèrent d’une révolte à une guerre de libération en s’alliant d’abord aux Espagnols de Saint-Domingue, en guerre contre la nouvelle Républiquefrançaise. De nombreux Blancs, royalistes, soutinrentles Britanniques ou les Espagnols. Les commissaires de la Convention, guidés à la fois par leur idéal et la nécessité de se trouver des alliés, proclamèrent la liberté des esclaves ; Sonthonax, le 29 août 1793, pour la province du Nord, et Polverel, progressivementjusqu’en octobre dans les provinces du Sud et du Centre.

Le 4 février 1794, la Convention confirma par acclamation cette déclaration et étendit l’abolition de l’esclavage à toutes les colonies françaises. L’arméebritannique se déploie dans la colonie pour tenter de s’en emparer.

Comprenant que seule la République entendait libérerles esclaves, Toussaint Louverture se rallia en 1794. En quelques mois, à la tête d’une armée de 20 000 anciens esclaves, il renversa la situation militaire et libéra la moitié du territoire. En récompense, il futnommé en 1796 général de division et vice-gouverneurde l’île. En 1798, agissant comme un gouverneur, il négocia directement avec les Britanniques la libérationdes ports qu’ils détenaient encore. Il démontrait ainsiqu’il était le seul chef de la colonie. Il imposa la suprématie des Noirs sur les métis au cours d’uneguerre civile en 1800. En 1801, il étendit même son autorité sur l’ensemble de l’île en envahissant la partieorientale espagnole et en y promulguant uneconstitution. Il remit l’économie de plantation sur pied en instaurant le travail forcé, n’hésitant pas à rappeler les anciens colons et à réprimer par la force la contestation des Noirs.

En se faisant nommer gouverneur à vie par la constitution du 12 juillet 1801, Toussaint Louverture défia Bonaparte. Ce dernier décida alors l’envoi de l’Expédition de Saint-Domingue, au prétexte de rétablirl’ordre. Mais en même temps que l’Expédition faisaitinscrire sur les drapeaux : « Braves Noirs, la France reconnaît seule vos droits et votre liberté », le Corps législatif s’apprêtait à décréter l’esclavage dans les colonies. Bonaparte avait en effet, par un arrêté secret et antérieur à l’Expédition (du 25 décembre 1800), envoyé trois commissaires pour y rétablir les « cultures », autrement dit l’esclavage. Aux États-Unis, les riches planteurs prirent peur devant ce qu’ilspercevaient comme une révolte d’esclaves et contribuèrent à financer l’expédition française pour mater celle-ci.

L’expédition de Saint-Domingue arrive le 29 janvier1802. Elle comporte les généraux André Rigaud et Alexandre Pétion, ainsi que Jean-Pierre Boyer, « hommes de couleur » issus de Saint-Domingue. Une flotte de trente mille hommes à bord de quatre-vingt-six vaisseaux est ainsi menée par le beau-frère de Bonaparte : le général Leclerc.

Toussaint Louverture, qui était informé des projets de Bonaparte, donne l’ordre à ses lieutenants de faire uneguerre d’extermination aux Français ; les villes sontincendiées et les rivières empoisonnées. Le 17 février1802, le commandant de l’armée expéditionnaire allaitmettre les chefs noirs hors la loi.

Dès son arrivée, l’expédition de Saint-Domingue se présente le 7 février, devant le port du Cap-Français, où commandait Henri Christophe, qui refusa de céderles forts et la place confiés à son commandement sans la permission de Toussaint Louverture. Il écrivit àLeclerc : « Si vous avez la force dont vous me menacez, je vous prêterai toute la résistance qui caractérise un général ; et si le sort des armes vousest favorable, vous n’entrerez dans la ville du Cap que lorsqu’elle sera réduite en cendres, et même sur cescendres, je vous combattrai encore ». Lorsque Leclerc débarque, malgré la résistance qu’opposent les habitants et la milice, Henri Christophe donne l’ordred’incendier la cité ainsi que tous les édifices publics. Les Noirs résistent, mais reculent devant la puissance de l’armée de Leclerc. À la fin avril, au prix de cinq mille morts et autant de malades ou blessés, lesFrançais tiennent toute la côte.

Les généraux de Toussaint Louverture, dontChristophe (en avril) et Dessalines (à la Crête-à-Pierrot après trois semaines de combat inégal et sanglant enmars 1802) se rendent aux Français après d’âprescombats si bien que Toussaint Louverture lui-mêmeaccepte sa reddition en mai 1802. Il est autorisé à se retirer sur l’une de ses plantations, à proximité du bourg d’Ennery, dans l’ouest de l’île, non loin de la côte. Le 7 juin 1802, Toussaint Louverture est arrêtémalgré sa reddition et Dessalines, défait par les Français à la Crête-à-Pierrot, participe à cettearrestation9. Louverture est déporté en France maisavant d’embarquer dans le navire qui le transportait il a dit :’ En me renversant vous n’avez abattu que le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera par cesracines car elles sont profondes et nombreuses. il estinterné au fort de Joux, dans le Massif du Jura, où il mourra des rigueurs du climat et de malnutrition le 7avril 1803, après avoir prophétisé la victoire des Noirs.

Toussaint Louverture neutralisé, Leclerc décide le désarmement de la population et le met en œuvre àgrand renfort d’exécutions sommaires ; alors les chefs de couleur se détachent peu à peu de l’expédition de Saint-Domingue et rejoignent les insurgés, prenantconscience que cette opération n’avait d’autre but plus important que celui de rétablir l’esclavage à Saint-Domingue.

 

C’est en apprenant le rétablissement de l’esclavage enGuadeloupe qu’Alexandre Pétion donne le signal de la révolte, le 13 octobre 1802. À la tête de cinq cent cinquante hommes, il marche contre le principal poste français du Haut-du-Cap, le cerne, le fait désarmer et sauve quatorze canonniers que les siens voulaientégorger : l’armée des « indépendants » est alorsformée. Les généraux Geffrard, Clervaux et Christophe, viennent se joindre à Pétion qui, plein d’abnégation, cède au dernier le commandement de l’insurrection.

Dessalines rejoint alors de nouveau les révoltés, dirigés par Pétion, en octobre 1802. Au congrès de l’Arcahaye (15-18 mai 1803), Dessalines réalise à son profit l’unité de commandement. C’est lors de cecongrès que naît le premier drapeau haïtien, bicolorebleu et rouge, inspiré du drapeau français dont la partie blanche a été déchirée. Le 19 novembre 1803, àla tête de l’armée des indigènes, avec à ses côtésHenri Christophe, Dessalines impose à Rochambeau – le cruel successeur de Leclerc – qui utilisait des chiensféroces achetés à Cuba contre les insurgés, entraînésà chasser et manger les Noirs, la capitulation du Cap après la défaite des armées françaises, la veille, à la bataille de Vertières. Rochambeau n’a alors d’autrechoix que d’ordonner l’évacuation de l’île.

Après le départ des Français, Dessalines provoqueaussitôt le massacre de la population blanche ; àl’exception des prêtres, médecins, techniciens et de quelques négrophiles. Il redonne à Saint-Domingue son nom indien d’Haïti (Ahatti) et déclare l’indépendance de la République le 1er janvier 1804aux Gonaïves.La première république noire libre du monde vientalors de naître.

Si la déclaration de l’Acte d’indépendance rédigée en1804 stipule l’intention «…d’assurer à jamais aux indigènes d’Haïti un gouvernement stable», les faits la contrediront grandement. Entre 1804 et 1957, sur 36 chefs d’État, 24 seront assassinés ou renversés. Le premier d’entre eux, Jean-Jacques Dessalines, ne reste en poste que deux ans, jusqu’à son assassinat. Le record de longévité est tenu par Jean-Pierre Boyer qui, après avoir annexé la partie espagnole de l’île, gouverna pendant 25 ans.

En 1825, Charles X, roi de France, reconnaît enfinl’indépendance du pays. Mais pas gratuitement. Il exige le payement d’une indemnité de 150 millions de francs-or. Après négociation, la somme est réduite à90 millions. Malgré de nouveaux impôts, aussi lourdsqu’impopulaires, il faudra plus de cent ans à Haïti pour s’acquitter de cette dette.

La période U.S. 1915 à 1934

Dès 1910, les États-Unis commencent à s’installer enHaïti et à s’en approprier. Ils y construisent des voiesferrées et chassent les paysans sans titre de propriété. En 1915, prenant le prétexte de la Première Guerre mondiale, ils occupent militairement le pays. En fait, ilsne font que défendre les intérêts d’une de leursbanques d’affaires. Entre autre Kuhn, Loeb & co. En1918, pour combattre une insurrection générale, Washington met en place un gouvernement à sesordres en gardant un droit de veto sur les décisionsgouvernementales. Pendant cette période, 40% des revenus de l’État sont contrôlés par les Américains.

Les Haïtiens sont, dès le départ, très hostiles àl’occupant qui n’hésite pas à les fusiller par centaineslorsque cela lui semble nécessaire. Les États-Unis contribuent néanmoins à moderniser le pays au niveaude ses infrastructures (téléphone, routes, éclairage, etc.). Pendant l’occupation, la répression américainefait au moins 15’000 morts et provoque le départ de près de 250’000 paysans vers Cuba et la RépubliqueDominicaine. Les États-Unis quittent Haïti sous la présidence de Roosevelt, en 1934. En pleine crise économique mondiale, c’est le retour de l’instabilitépolitique.

 

Les Duvalier

Après une période très agitée qui voit l’armée exercerle pouvoir, François Duvalier, dit «Papa Doc» est éluprésident. Il impose dès le début de son mandat unepolitique dictatoriale: interdiction des partis d’opposition, instauration de l’état de siège, utilisationd’une milice paramilitaire, les tristement célèbres«tontons macoutes». Avec l’aide de cette gardepersonnelle, il neutralise l’armée et, en 1964, se proclame «président à vie». En modifiant la Constitution, il désigne son fils Jean-Claude commesuccesseur.

En 1971, Jean-Claude Duvalier, 19 ans, accède à la présidence du pays. En raison de son très jeune âge, on le surnomme «Baby Doc». Comme son père, il tientle pays d’une poigne de fer mais, à cause de la corruption et de l’incompétence, son régime s’enlise. Il finit par être renversé, en 1986, par un soulèvementpopulaire et part se réfugier en France. Une juntemilitaire reprend alors le pouvoir, remplacée à la faveurd’un coup d’État par un général (Prosper Avril), pousséà la démission en 1990 ce qui permet l’organisationd’élections sous contrôle international.

Lueur d’espoir

Jean-Bertrand Aristide, ancien prêtre qui se fait l’avocat des pauvres, remporte la victoire le 16décembre 1990 par 67 % des voix. Son accession à la présidence de la République redonne un peu d’espoirau peuple haïtien. Mais, le 29 septembre 1991, il estrenversé par une junte militaire dirigée par le généralRaoul Cédras. Aidé par la CIA et le gouvernement de George Bush père; Aristide se réfugie alors aux États-Unis. Les « lavalassiens » se font massacrer. Les Nations unies décrètent un embargo.

Des réfugiés commencent à affluer vers les États-Unis. Le trafic de stupéfiant, encouragé par la faction putschiste de l’armée, connait un essor considérable. La drogue provient essentiellement du cartel de Cali(Colombie) et est destinée aux États-Unis. Ces traficsproduisent au moins une vingtaine de famillesmultimillionnaires de plus.

Sous la présidence de Bill Clinton et avec le soutien du Conseil de sécurité des Nations unies, les États-Unis interviennent, à la suite d’une visite de l’ancienprésident Jimmy Carter et du général Colin Powell, 20 000 soldats américains débarquent en Haïti le 19septembre 1994. Le 15 octobre 1994, le présidentAristide est rétabli dans ses fonctions, qu’il laisse à son proche René Préval, élu à la présidence de la République le 17 décembre 1995. Le mandat d’Aristidetouchait à sa fin et la Constitution ne l’autorisait pas àen briguer un second consécutivement. En janvier1997, l’Unesco remet le Prix 1996 de l’éducation aux droits de l’homme à Aristide.

 

Période contemporaine

Le gouvernement Préval doit faire face à uneopposition constituée de ses anciens alliés. Son mandat est marqué par plusieurs assassinatspolitiques. Des élections législatives sont organiséesen mai 2000. Aristide est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle avec 91 % des suffrages exprimés, mais le scrutin est entaché d’irrégularités et du boycott de l’opposition. Le pays plonge à nouveau dans une situation des plus confuses. Le trafic de drogue dépasse les records atteints sous la juntemilitaire. Quant à la classe moyenne, elle n’appréciepas l’ancien «petit curé», lui reprochant son caractèreimprévisible et son emprise sur les masses. À partir de 2001, des groupes sans constitution officielles’attaquent aux partisans du gouvernement. Cesderniers réagissent de la même façon. La police s’attaque aux deux parties avec violence.

 

En 2003, l’opposition s’organise sous le nom de Groupe des 184. Avec l’appui des étudiants, et malgré la répression de ses partisans, Jean Bertrand Aristide finit par démissionner le 29 février 2004 sous la pression de militaires français et de marinesaméricains, avant-garde d’une force internationaleenvoyée par l’ONU pour ramener l’ordre dans la capitale, la MINUSTAH. Peu après le départ d’Aristide, le président de la Cour de cassation d’Haïti, Boniface Alexandre, assure l’intérim en vertu de la Constitution. « Titid » — comme l’appellent les gens du pays — estaccusé d’enrichissement personnel et de crimes politiques. Exilé en Afrique, Aristide finit par êtreaccueilli par l’Afrique du Sud, où il se plaint que les militaires étrangers l’aient forcé à démissionner.

 

En mars 2004, les résultats d’une commission d’enquête sur Haïti, dirigée par l’ancien procureur général des États-Unis Ramsey Clark, indiquent que « les gouvernements des États-Unis et de la République dominicaine auraient participé à la fourniture d’armes et à la formation des rebelleshaïtiens dans ce pays ». La commission a constatéque 200 soldats des forces spéciales américainesavaient été envoyés en République dominicaine pour participer à des exercices militaires en février 2003. Ces exercices, autorisés par le président dominicainHipólito Mejía Domínguez, ont été menés « près de la frontière, précisément dans une zone à partir de laquelle les rebelles lançaient régulièrement des attaques contre les installations de l’État haïtien ».Auxélections du 7 février 2006, organisées sous supervision internationale, la foule port-au-princiennepousse les organisateurs à accorder la victoire à René Préval arrivé nettement en tête au 1er tour de scrutin. Du même parti qu’Aristide, il est son successeurdésigné. Des fraudes sont décelées en faveur de l’opposition, notamment des urnes en faveur de Prévalretrouvées dans des décharges. Investi de sespouvoirs le mardi 13 juin 2006, il appelle à l’uniténationale.

Sur le plan international, Paris négocie avec Port-au-Prince un accord de réadmission dans le cadre du partenariat France-Haïti 2008-2012 (chapitre« Immigration et codéveloppement »). Celui-ci, encours de négociations en août 2009, est contesté par le Collectif Haïti de France, la Plate-forme des associations franco-haïtiennes (PAFHA) et le collectif Migrants outre-mer.

 

En février 2019, une hausse, inspirée par le Fonds monétaire international (FMI), allant jusqu’à 50 % des prix des carburants à la pompe et des scandales de corruption impliquant plusieurs ministres provoquentd’importantes manifestations contre le gouvernement23. Dans son rapport de mars 2019, la Mission des Nations unies pour l’appui à la Justice en Haïti constate que « les conditions de vie de la population haïtienne se détériorent de plus en plus ». Pour l’ensemble du pays, 5,5 % et 27 % des personnes se trouvent respectivement dans des situations d’urgence et de crise alimentaire ; 2,26 millions de personnes sont classées comme étant ensituation d’insécurité alimentaire « et ont besoin d’uneaide humanitaire à cet égard ».

 

La majorité des manifestants sont issus des quartiers les plus pauvres. Marc-Arthur Fils-Aimé, directeurgénéral de l’Institut culturel Karl-Lévêque, déclare : « Les revendications se sont radicalisées à un point telqu’elles ont pris l’allure d’une lutte de classe. Les luttesconjoncturelles se sont superposées à des luttesstructurelles. Il est presque impossible de bien cernerle contour des actuelles perturbations si on les séparede la charpente socio-économique et culturelle du pays où les élites exportatrices ont prospéré au point de réduire l’île à l’état de néo-colonie Du 15 septembre àdébut octobre 2019, au moins 17 personnes sont tuéeset près de 200 blessées par balles et armes blanches, d’après le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui indique : « Les autoritésactuelles, depuis leur avènement au pouvoir, bafouentles acquis démocratiques du peuple haïtien et violent systématiquement ses droits. Elles n’ont jamais pris au sérieux les différents mouvements de protestation réalisés dans le pays depuis juillet 2018 par unepopulation en proie à tous les maux et qui réclame la jouissance de ses droits civils, économiques, politiques et sociaux.

 

Sources: Wikipedia et rts.ch